Link & Zelda

my first love, you're in every breath i take

Tant qu’elle avait des choses à faire, Cora paraissait normal. Elle se levait le matin, prenait sa douche, son petit déjeuner et partait travailler. Comme n’importe qui. Pourtant, en réalité, elle faisait ses choses mécaniquement, comme une poupée. Peut-être qu’un jour ce ne serait plus le cas, qu’elle arriverait à reprendre goût à la vie. Mais pour le moment, le cœur n’y était plus. Comment pouvait-il en être autrement ? Elle venait de perdre son mari, l’homme avec qui elle pensant finir sa vie. Tout les projets, le futur qu’ils avaient imaginés, étaient maintenant jetés aux oubliettes. Et devoir en faire d’autres étaient au dessus de ses forces. Rien de penser à ce qu’elle pourrait faire le week-end lui donnait des sueurs froides et des crampes d’estomac. Alors, pour le moment, elle faisait une chose à la fois. Ce qui lui permettait de ne pas trop réfléchir. Même si l’angoisse la reprenait forcément quand elle quittait l’école pour rentrer chez elle. Et maintenant, elle n’osait même plus quitter sa voiture. Garée dans le parking de son immeuble, elle ne voulait même plus monter dans son appartement. Elle appuya un instant son front contre son volant. Si à une époque elle avait pu trouver les journées de travail trop longues ou être presser de renter, aujourd’hui, c’était loin d’être le cas. Elle prit néanmoins son courage à deux mains et quitta l’habitacle de sa voiture.

Une fois chez elle, elle resta un moment sur le pas de la porte. Elle n’aimait pas ce silence qui y régnait. Tout était toujours trop silencieux ici, maintenant. Elle referma doucement la porte derrière elle. Elle supportait de moins en moins d’être seule ici. Elle l’avait été si rarement auparavant. James rentrait toujours tôt, préférant travailler à la maison, être prêt de sa femme. Il l’avait toujours fait passer en premier. Il rentrait avant elle, mettait de la musique dans tout l’appartement, avant de se mettre à son bureau pour travailler. Quand Cora arrivait, elle finissait par le rejoindre et se poser dans le canapé à côté, avec une tasse de thé et un livre, ou ses copies à corriger. Souvent, elle chantait aussi. James faisait alors une pause, juste pour la regarder chanter, la voir sourire. Le silence, c’était trop inhabituelle dans cette appartement. Elle ne supportait pas ça. Elle se décida alors à se secouer un peu. Elle roula des épaules, se secoua un peu la tête. Elle retira ses chaussures d’un coup de pied, les laissant choir à même le sol, ne prenant même pas la peine de les ranger dans le placard. Son sac et sa veste rejoignirent ses escarpins quelques instants plus tard. Laissant le tout dans l’entrée, elle se dirigea vers la chaine hi-fi du salon et la mit en route. Elle ne l’avait pas allumé depuis un moment et ne savait même pas quel CD était encore dedans. La voix de Freddie Mercury s’éleva alors. Un des CD de James, il était un grand fan de Queen. Ses yeux s’embuèrent alors de larmes, comme toujours lorsqu’il s’agissait de quelque chose qui lui rappelait son mari. Néanmoins, un léger sourire s’étira quand même sur ses lèvres, malgré les larmes. Les souvenirs de James faisait peut-être mal, mais c’était de bons souvenirs. Elle alla même jusqu’à chanter à son tour, collant sa voix à celle de Freddie. « who wants to live forever… » Elle resta un moment ainsi, à pleurer et chanter en même temps, au milieu de son salon. Etrangement, cela lui fit du bien. Elle essuya ses larmes pour aller attraper le livre qui trainait sur la table basse de son salon. Commencé avant la mort de James et jamais finit. Mis en suspens. Comme beaucoup de choses dans sa vie. La musique toujours allumé et bien forte, elle s’installa dans son canapé et se plongea dans son livre. Quand, plusieurs minutes plus tard, on sonna à sa porte, elle n’entendit alors rien. Elle s’en rendit compte que lorsqu’elle se leva pour se faire un thé. Son livre toujours en main, elle venait de mettre la bouilloire en route quand elle entendit qu’on appuyait sauvagement sur sa sonnette. Elle courut à la porte, pour découvrir un Lincoln qui paraissait passablement irrité d’avoir attendu. « Link ! Salut ! » Cora n’aurait pas du paraitre si surprise de le trouver là. Après tout, lui, Calista et Nolan s’étaient relayés auprès d’elle. Elle se savait chanceuse de les avoir auprès d’elle. Surtout Linc, compte-tenu de leur passé. « Entres ! Je vais aller baisser la musique. » Elle se dirigea avec des pas rapides vers le salon, laissant la porte grande ouverte pour que Lincoln puisse rentrer. Elle tourna le bouton de sa chaine stéréo qui réglait le volume, de façon à ce que Freddie ne soit plus en train de hurler show  must go on, mais de le murmure. Ou presque. Entre temps, le jeune homme l’avait rejoint dans le salon. « Tu arrives au bon moment. J’allais faire du thé. » S’il y avait bien quelque chose qui était restée du couple qu’ils avaient été par le passé, c’était bien leur amour du thé.