Elle avait passé une nuit épouvantable dernièrement. Sa seule heure de sommeil avait été rude à trouver et à peine avait-elle réussi à fermer les paupières que son réveil avait semblé retentir aussitôt : il était l'heure d'aller au boulot.
Affalée sur son bureau, elle ne pouvait lutter contre Morphée qui la tirait par les cheville pour l'emmener dans le monde des rêves. Mais à peine avait-elle réussi à trouver le sommeil qu'une grosse raclure de gorge lui fit ouvrir les yeux.
« Mademoiselle Stewart. »
Elle se redressa et sursauta en reconnaissant la silhouette familière de son patron, monsieur McIllion. Ce dernier lui adressa un regard lourd de sens et elle se sentit incroyablement gênée. Elle qui venait d'obtenir enfin le poste dont elle rêvait, elle prouvait là très mal sa motivation à le garder.
« Je vous prie de m'excuser Monsieur, cela ne se reproduira plus. » promit-elle sous un ton de supplice. Un sourire apparut alors au coin de ses lèvres puis il frappa dans ses mains.
« Je ne suis pas venu ici pour vous parler de vos... erreurs, mademoiselle Stewart. Mais juste pour vous présenter votre nouveau collègue, Monsieur Carter. » déclara-t-il en se poussant légèrement afin de faire place à un jeune homme frêle, les cheveux légèrement en bataille. Il portait des lunettes ce jour là – elle se rendra compte les jours suivant que ce n'était pas tous les jours le cas –, un cardigan et un pantalon un peu trop grand pour lui. Elle s'empêcha de peu d'éclater de rire, consciente de sa première gaffe. «
« Vous serez chargée de son intégration dans votre équipe et de le guider puisqu'il vous secondera pour les mois à venir. » A ces mots, il se retira en adressant une bonne journée à ses deux employés et justifiant son départ par le fait qu'il avait une montagne de dossier qui l'attendait. Un grand silence s'installa entre les deux journalistes, où il passèrent le temps à se dévisager mutuellement.
« Eh bien Clark Kent, nous allons nous plonger de suites dans les dernières nouvelles qui nous ont été envoyée ! » fit-elle à son intention, se levant pour attraper la liasse de papiers tout au bout de son bureau.
« Clark Kent ? » répéta-t-il un peu abasourdi mais surtout surpris par cette nomination inédite.
« Quoi, ne me dites pas que vous n'avez jamais vu Superman ! Vous me faites beaucoup penser à lui... »
Il ne répondit pas à cela, préférant sourire de manière amusée. Il savait qu'avec elle, il n'allait pas s'ennuyer. « Puisque vous le dites, Loïs.. » fut la seule chose qu'il prononça, décidant d'entrer dans son jeu.
Ils passèrent leur premier déjeuner ensemble où ils se racontèrent les choses basiques de leur vie. Très vite, un lien de complicité s'installèrent entre eux si bien qu'ils avaient du mal à rester sérieux quand ils se retrouvaient dans un même bureau. On les croisaient souvent ensemble dans les couloirs, un café à la main, à parler des dernières nouvelles ou de leur vie privée. Plus les jours passaient et plus Hellyn trouvait en Amaury, son « Superman »  comme elle aimait l'appeler un confident. Elle l'invitait et il l'invitait, juste pour boire un thé ou regarder un film avec un grand bac de pop corn. Elle lui parlait de tout, de l'actualité, de sa vie en Angleterre, des dernières choses qu'elle avait mangé (il était gourmand lui aussi et la nourriture était souvent un long sujet de conversation), de ses problèmes avec son fiancé, de leur passion commune : les jeux vidéo et de plein d'autre chose. Elle ne se rendait même pas compte à quel point elle se sentait revivre en sa compagnie, qu'elle passait plus de temps avec lui qu'avec Adriàn dont elle portait encore la bague de fiançailles. Au final, c'était avec lui qu'elle se sentait le mieux, mais elle avait encore le regard beaucoup trop tourné sur son invisibilité vis à vis de son petit ami (pouvait-on vraiment le qualifier ainsi à présent?) qu'elle n'avait pas noté la manière dont Amaury la regardait. A des moments, ils se disputaient, leur fierté respective empêchant la bonne entente. Mais l'un finissait toujours par présenter ses excuses à l'autre (et très souvent de manière implicite parce que ce serait « trop » que de dire pardon directement), leur compagnie manquant à chacun. Et lorsqu'ils étaient éloignés, pour un voyage professionnel par exemple, ils s'envoyaient des messages via le net ou s'appelaient quant ils le pouvaient. Quoiqu'il en soit, il était devenu un élément important dans sa vie, un moyen de se libérer et de panser les plaies provoquées par le désintérêt d'Adriàn. Pourtant, à un moment donné, il va falloir mettre les points sur les i...