Au fond, j’avais toujours rêvé d’être à la place de ces gamins de quatre ans à la bouille à fendre un cœur, durant douze années de vie à l’orphelinat personne ne s’était jamais retourné sur moi. J’étais persuadé que je fêterai ma majorité aux côtés de Cal et des autres gosses abanonnés ou orphelins, je m’étais d’ailleurs fais cette promesse d’adopter Caleigh pour être absolument certain qu’elle ai une vie convenable et résulat de toutes mes promesses ? Du vent et neuf années d’absences. A mon retour à Rhodes Island, après trois mois d’entrainement intensif en Italie, j’étais loin d’imaginer la rencontre que je ferai au détour d’une rue. Un visage que personne ne pourrait oublier. Un éducateur que je considérais comme un grand frère et qui malgré l’interdiction était encore prêt à braver les lois pour me venir en aide et me permettre de retrouver cette fille que je n’avais jamais oublié et pour qui je m’étais découverts des sentiments insoupçonnés après notre séparation. Comme quoi quand on dit qu’on ne découvre l’importance que revêt une personne après l’avoir perdue, c’était bien vrai. Loin d’imaginer qu’elle habitait elle aussi Providence – et à, à peine deux pâtés de maisons de chez moi, il ne m’avait pas fallu bien longtemps pour partir à la découverte de sa nouvelle vie. Le soleil Italien avait laissé place à la drache Providencielle, le bronzage que je m’étais tué à me confectionner ne tiendrait probablement pas longtemps à ce train là. Approchant de la porte, quelques coups plus tard, personne n’ouvrit la porte. Abandonner ? Pas à nouveau. Réfugié sous un toit de garage extérieur, j’attendais le retour de la jeune fille, devenue une femme, plus jolie encore que je ne l’avais imaginée et qui malgré le temps conservrait ce petit toc : celui de retrousser son nez en souriant. Le cœur battant à un rythme peu commun, je me leva aussi simplement qu’un automate, le sourire au lèvre en élançant un large  CAL’. C’était bien elle. Ce regard, cette expression dans les yeux, ça ne pouvait être que ma Caleigh. Alors que j’attendais simplement qu’elle retrouve mon prénom, la sentir contre moi accrochée à mon cou et les mains plongées sur ma nuque me firent à nouveau sentir vivant. Du moins sa merveilleuse gifle me rappellait que je n’étais qu’un sac d’os recouvert de chair reliée à mon cerveau par de bonne connexions nerveuse. La main sur la joue, je ne pus retenir un large AIE ! Mais ça va pas ? C’est comme ça que tu m’accueille ? Grand câlins et Bim ? J’avais oublié comme tu étais sauvage, ma parole… Lâchais-je avant qu’elle ne me rétorque la phrase que j’attendais Cal.. Je n’ai pas eu le choix.. Tu me boudais furieusement, tu ne m’aurais même pas écouté et tout s’est passé si vite… Je suis désolé.. J’ai pas cessé de penser à toi, à ce que tu devenais et franchement.. je ne suis pas déçu du résultat.. Tu es encore plus parfaite que je n’aurais pu l’imaginer… Ma Caleigh... murmurais-je

Qu’elle accepte mon départ et me m’accueille à nouveau les bras ouverts était perdu d’avance, sachant qu’avant même mon adoption elle me haïssait pour m’être moqué d’elle. Qui aurait cru qu’une fillette de onze ans pouvait tomber amoureuse pour la vie ? En vérité, j’avais des sentiments pour elle moi aussi, mais perdu entre l’amitié et l’amour, j’avais préféré les taire pour ne pas risquer de briser notre amitié. Cinq ans, cette différence d’âge ne devrait pas choquer à l’heure actuelle, mais à l’époque, un gamin de onze ans fricotant avec une fillette de dix ans était pour le moins mal vu, d’autant plus qu’aux yeux de tous, j’étais son grand frère. Sans cesse à épier ses mouvements depuis son arrivée à l’orphelinat, je l’avais protégée, lui avais donné son bain plusieurs fois, c’était comme mon bébé, ma petite sœur. C’était quitte ou double. Lui dire la vérité ou la perdre à jamais.
Neuf années s’étant écoulées, j’étais désormais presque certain qu’elle partageait la vie d’un autre homme. Intelligente, grande et terriblement belle, elle avait désormais tout pour être heureuse et rencontrer l’homme parfait – enfin parfait .. Si la perfection existe, et autant dire que cette perfection n’aura plutôt pas intérêt de lever le moindre petit doigt sur elle sous peine de traverser un mur. Le Rugby m’avait permis de grandir et de m’ouvrir les yeux. Il me permettait de me canaliser et de réfléchir à tête reposée. Souvent, j’avais eu envie de la retrouver, presque tous les jours même, mais toujours un obstacle : M’accepterait elle à nouveau ? Preuve que non. Neuf ans après, elle m’en voulait encore plus qu’au départ. C’était compréhensible au fond, mais au moment même où je voulais la retrouver, elle avait disparu. Adoptée. Maintenant qu’elle avait enfin la famille dont elle rêvait, je ne pouvais plus me permettre d’entrer à nouveau dans sa vie pour lui rappeler une fois de plus qu’elle n’est qu’une enfant abandonnée. Caleigh, que voulais tu que je te dise ? Que je continue à jouer les protecteurs alors que tu allais m’aimer encore plus ? On ne pouvait PAS se permettre de sortir ensemble. Cinq ans. Maintenant ça ne choquerait personne, mais à l’époque ! J’étais comme ton frère, c’est moi qui t’ai appris à parler et à marcher Cal’, merde ! Je ne voulais pas tout foutre en l’air. Essaie de comprendre… Je t’ai abandonné, d’accord et j’en suis désolé. Mais à ma majorité j’ai essayé de te retrouver, jusqu’à ce qu’on me dise que tu avais été adoptée. Là, je me suis dis que tu avais enfin le répits que tu cherchais, la famille que tu voulais et je ne voulais pas revenir dans ta vie pour te rappeler ce que tu es à la base. J’ai agi pour ton bien, mais à mesure que le temps passait tu hantais mes pensées. Et puis je me suis dit bêtement que ça te ferait plaisir que je te retrouve, qu’on puisse enfin retrouver notre proximité d’autre fois et oublier les erreurs. Je me suis trompé, apparemment. Mais au moins ça m’a fait plaisir de te voir, de voir quelle femme tu es devenue et de te savoir heureuse et en sécurité. S’il n’y a vraiment plus rien, alors je pars. Mais au moins je t’ai dis ce que j’avais à te dire. Libre à toi d’accepter mes excuses et mon choix ou de continuer à faire la forte tête. Sous la pluie, les mains dans les poches, je haussais les épaules, pour le moins ravis que la pluie cache mon regard blessé. Je n’aimais pas pleurer devant les gens. Même si ce n’était en rien une faiblesse, je préférais garder mon malheur et ne contaminer personne.

Pas la famille dont elle rêvait ? Que pouvais-je bien en savoir ? Je n’avais pas vécu ces neufs dernières années à ses côtés. Je ne pouvais que la croire mot pour mot. Haussant les épaules, je fis un mètre en avant pour améliorer mon audition brouillée par la pluie qui parasitait la conversation. Quoi ? Tu veux dire que tu es malheureuse avec eux ? Tu as 20 ans maintenant, tu as tout à fait le droit de les quitter s’ils ne représentent rien pour toi ! lâchais-je. Que pourraient-ils bien lui avoir fait subir pour qu’elle réagisse de la sorte et se pétrifie rien qu’à en parler ? L’ignorance me tuait à petit feu… Qu’est-ce qu’ils t’ont fait Caleigh ? Demandais-je afin d’en savoir plus. S’asseyant finalement sous la pluie, nous étions tous deux trempés jusqu’à l’os, mais le froid semblait l’atteindre beaucoup plus que moi, à voir ses lèvres virer peu à peu au violet. Je le comprends Caleigh.. Je le comprends parfaitement. Mais tu n’as pas le droit de m’en vouloir d’avoir voulu te protéger en évitant de me réintroduire dans ta vie. J’ai juste voulu agir en bon frère, pas te blesser, juste te protéger. Retiens le. Je n’ai jamais fais de choix qui puisse te rendre malheureuse. J’ai toujours choisi en fonction de toi Cal. Murmurais-je en me rapprochant. Tu ferais bien de rentrer. Tu vas finir par avoir la crève par ma faute… Ajoutais-je en lui prenant la main pour la relever et la tenir debout contre moi. Le regard rivé sur ses lèvres, les caressais à l’aide de mon pouce avant de continuer mon mouvement en glissant sa mèche de cheveux trempée derrière son oreille. Je suis désolé… Si je pouvais revenir en arrière, ce jour-là ou tu m’as dit que tu m’aimais, je répondu que moi aussi je t’aimais..  Je ne peux pas revenir en arrière mais je peux toujours influencer le futur. L’attirant un peu plus vers moi, je me permis de déposer un léger baiser sur son front. J’ai pas envie de foutre ta vie en l’air à nouveau, alors si jamais tu as envie de me revoir, quand tu auras pris une décision, tu n’auras qu’à m’appeler. J’ai glissé mon numéro sous la porte accompagné de mon adresse. Tu seras la bienvenue. Tu n’auras qu’à me dire quand tu as envie qu’on aille se manger une pizza ou n’importe quoi d’autre. Je serai là. Tu m’as manqué Caleigh. Plus que tu n’es capable de l’imaginer – et je sais combien tu as une imagination débordante depuis que t’es gosse.. Souriant légèrement, je relachais mon étreinte, reculant en la regardant toujours dans les yeux et esquissant un léger sourire. Au fond, je n’avais aucune envie de partir. J’aurais préféré qu’elle me somme immédiatement de rester et me force à la réchauffer, parce qu’au fond c’était ma faute si elle était désormais frigorifiée.

J’aurais mille fois préféré que la conversation continue et s’oriente de façon à ce que tout notre passé douloureux s’efface en un sourire. Malheureusement mon apparition devant chez elle n’avait pas vraiment eu l’effet escompté. Prêt à partir, je m’étais enfin retourné après hésitation pour reprendre le chemin chez moi, au moment où elle avait crié exactement la phrase que j’attendais. Je la connaissais définitivement à la perfection. Nous étions lié c’était désormais plus qu’une évidence. A nouveau retourné vers elle, je ne pus réprimer un rire en l’imaginant en glaçon, elle qui avait rapidement froid se verrait bientôt transformée en tel. J’en déduis que tu me pardonnes ? Enfin à moitié je suppose ? Demandais-je avant de la suivre de force, tiré par le bras sans que je ne puisse rechigner. L’appartement était plus que spacieux et décoré à l’image de Caleigh, toute en sobriété et en finesse. Plongé dans ma découverte, je n’avais pour le moins pas remarqué la disparition de la jeune femme jusqu’à ce que je ne reçoive une couverture en plein visage, rapidement rattrapée par de bons réflexes vifs. Wow, doucement ! Dis-je avant de tomber dans le sofa sous la force insoupçonnée de la jeune femme. Et c’est quoi la suite du programme ? Vu d’ici on dirait plus que tu es sur le point de me violer qu’autre chose ! Dis-je en m’asseyant correctement dans le sofa. Otant a veste trempée, j’avais encore la chance d’avoir un pull pour le moins sec. Enroulé dans la couverture, j’attrapa un objet que je détaillais du regard. Je tripote le ballon ovale depuis cinq ans maintenant. Je suis Rugbyman, dans la RIR ou Rhodes Island Rebellion Rugby club. Sinon je suis abonné à l’hôpital avec les mecs de l’équipe, à force je finis toujours par avoir un ou deux os cassé mais je le supporte bien maintenant. Et toi ? Tu es devenue quoi ? Artiste ? Peintre ? Demandais-je en référence à ses talents artistiques de l’époque