« Peut être devrais-je abandonner les études et commencer à travailler pour vous aider ! » La petite rousse regarda sa mère sous un air déterminé. La femme scruta son regard afin de savoir si elle était sérieuse ou non, et quand elle s'en rendit compte, elle plaqua une main contre sa bouche. Les larmes lui montèrent aux yeux et sa lèvre se fendit pour étouffer un sanglot prêt à surgir. « Non ma fille, ne fais surtout pas ça ! » implora-t-elle. « Nous avons économisé durement pour que tu fasses les études qui te plaisent et que tu puisses trouver un métier où tu pourras t'épanouir. Ne t'en fais pas pour nous, nous nous débrouillerons ton père et moi. » « Mais... je n'ai pas besoin de partir si loin. Tant pis, vraiment... » Et sa mère fit un signe de la main pour clore le sujet. Hellyn cessa d'insister, impuissante. Elle était contente de réaliser son rêve et de partir en Amérique mais elle n'avait pas été mise au courant de la situation financière de sa famille.
« Quand je serais devenue journaliste confirmée, je vous enverrais un quart de mon salaire » promit-elle. Elle se sentait coupable de ruiner sa famille pour sa carrière, même si elle avait voulu faire demi tour et essayer d'arranger les choses. Mais chacun avait fait son choix et elle n'arrivait pas à se mettre contre. Ce fut de manière chaleureuse qu'elle enlaça ses parents à l'aéroport en leur promettant d'obtenir le diplôme coûte que coûte.

Hellyn a toujours été très déterminée dans sa vie. Elle a toujours su ce qu'elle voulait, et ne passait pas par quatre chemins afin de l'obtenir. C'est quelqu'un qui s'est montré direct dès sa plus tendre enfance. Ses parents se plaisaient à penser que c'était son sang écossais qui ressurgissait et qu'ils avaient probablement des ancêtres vikings qu'elle faisait refléter. Déjà petite, c'était une fille joyeuse, qui adorait s'amuser et apprendre. Elle a toujours été une fille très sage, mais avec son petit caractère. Elle n'était pas meneuse, elle était leadeuse et elle le restera. Elle donnait tellement l'impression de savoir où aller que les gens avaient tendance à l'écouter plutôt que d'autre. Ça a toujours été une petite joueuse qui a affirmé haut et fort son caractère, derrières ses jolies mèches rousses que beaucoup de filles lui enviaient tant elles étaient magnifiques. « C'est mon arrière arrière arrière arrière... grand père vikings qui me les a données ! » justifiait-elle lorsqu'on lui demandait d'où elle tenait une chevelure aussi parfaite. C'était peut être vrai, mais c'était ce que ses parents lui avaient toujours dit. Aussi, les compliments qu'elle recevait lui avait donné confiance en soi. Elle n'était pas non plus une enfant gâtée. Elle avait appris le notion de respect et de tolérance. C'était une petite fille modèle, ou presque. Elle cachait quelques petits défauts, comme le fait qu'elle soit mauvaise joueuse et qu'elle boudait l'échec. Elle n'aimait pas perdre. L'échec lui tiraillait les entrailles, à chaque fois. Pas que ses parents lui avaient ordonnés de devenir parfaite : elle ne voulait simplement pas décevoir. Après tout, elle était enfant unique, et c'était déjà un miracle qu'elle eusse vu le jour ! Elle savait que ses parents mettaient beaucoup d'ambition en elle mais malgré cela, ils s'étaient promis de respecter les choix qu'elle prendrait.

Son séjour en Amérique la raviva. Elle n'oublia pas ses parents pour autant, et en plus de ses études, elle avait accumulé les petits boulots là bas pour subvenir à ses besoins et continue à payer ses semestres. Elle était entrée là bas dans une école de journalisme et le sérieux était chose prioritaire. Les amies qu'elles s'étaient faites là bas et qui venait d'une autre section lui proposait souvent de sortir mais elle refusait en prétextant qu'elle avait autre chose à faire : celui de réviser. AU diable l'amitié, son avenir était beaucoup plus urgent ! Pourtant, quand elle avait la tête lourde et qu'elle en avait marre de se bourrer le crâne, elle se mettait à une fenêtre pour prendre l'air et réfléchissait à la vie qu'entretenaient les autres. Ils s'amusaient et profitaient du moment présent. Elle, elle n'avait d'yeux que pour son futur poste de journaliste. Mais tant pis, c'était un prix à payer. Une bataille dont elle sortirait victorieuse ! Sa mère lui avait souvent dit qu'il fallait parfois passer des moments très rudes pour obtenir un paradis. Que les choses se donnaient qu'avec beaucoup d'effort – ou d'argent, pour certains.. - Elle maudissait d'ailleurs Jenny, une de ses collègues qui elle, n'avait pas besoin de réviser pour obtenir ce qu'elle voulait. Elle allait avoir son diplôme, parce que ses parents étaient très riches et avaient une immense réputation.

Et ses efforts payèrent. Quand elle eut terminé tout ses semestres, elle rentra en Angleterre pour pouvoir recevoir son diplôme fortement mérité ! Le retour au pays lui fit étrange, puisqu'elle avait adopté l'Amérique, mais elle avait été heureuse de revoir sa famille qui avait réussir à redresser un petit peu la barre depuis son départ. Ils n'avaient malheureusement pas pu assister à la remise de diplôme, urgence au boulot et ne pouvant pas se permettre de se déplacer ce jour là. Tant pis, elle irait toute seule !
Elle était assise vers le devant. A quelques chaises d'elle, se tenait un étudiant qui venait juste de recevoir son diplôme et dont l'allure lui plu rapidement. Il devait être très populaire, songeait-elle, parce qu'il semblait être beaucoup apprécié. Elle ne l'avait jamais vu auparavant, mais ce n'était guère étonnant : elle avait séjourné ailleurs et lui avait sans doute fait ses études dans la mère patrie. Elle ne cessa de le regarder, avant qu'il ne se déplace pour aller récupérer son diplôme, pendant et après. Son regard avait du se faire lourd mais surtout remarqué puisque le concerné s'était retourné vers elle pour lui adresser un regard curieux et déconcerté. Un regard qu'elle n'oubliera jamais.
- Hellyn ! se présenta-t-elle sous sa bonne humeur habituelle, dont la voix était aussi étincelante que de la poussière de fée. « J'étais parti étudier en Erasmus aux Etats Unis, pour ça qu'on a pas eu la chance de se croiser avant. Tu es... ? »
- Adriàn , répondit-il comme par automatisme. La voix qu'il avait lui donnait envie de rire d'une manière amusée. Il était vraiment tout mignon, même gêné comme il semblait si bien l'être à cet instant précis !
- Bon alors Adriàn, tu me payes un verre pour fêter nos diplômes !
Les choses se firent alors rapidement. Hellyn ne put bientôt ne plus se passer de la compagnie de ce garçon dont les mots étaient aussi sucrées que des sucettes à la fraise. Comme tout les couples qui se formaient, ils sautaient peu à peu les étapes jusqu'à se mettre à vivre à deux.

Mais Hellyn était aussi aventureuse et pleine d'ambition. Elle était même allée jusqu'à postuler dans la ville où elle avait fait ses études et où on lui offrit un poste. Bien sûr, cela allait impliquer de repartir à nouveau et peut être de tous laisser. Elle en parla à son amoureux qui accepta de la suivre à sa plus grande joie !
Les choses se firent petit à petit. Le déménagement, le changement... tout semblait lui être favorable. Le travail lui plu rapidement, même si pour le moment, elle n'avait d'abord qu'un petit poste. Sa détermination et son envie d'évoluer fut même vite prouvé, si bien que son patron lui avait promis un poste plus important dans l'année à venir. Un où elle allait rédiger des articles et où ils pourraient apparaître dans les journaux, si elle continuait à être aussi déterminée et sérieuse qu'elle ne l'était bien entendu.
La vie lui était tellement prolifique qu'elle fut encore plus enchantée lorsque Adriàn lui proposa de la prendre pour épouse. Naturellement, puisqu'elle était très amoureuse et qu'elle ne voyait pas sa vie avec quelqu'un d'autre que lui, elle accepta sans hésiter. Elle aspirait déjà au jour de son mariage, se disant que lorsqu'il se sera fait, elle sera une femme accomplie. Elle était tellement épanouie à ses côtés, elle voyait tellement de rêves se réaliser grâce à sa simple présence... mais le rêve s'évanouit petit à petit.
Au fur et à mesure du temps qui passait, la relation qu'elle entretenait avec son fiancé changea. Elle ne s'en rendit pas tout de suite compte, bien trop préoccupée par le travail. C'était peut être cela qui dégrada leur promesse de mariage et qui les fit s'éloigner l'un de l'autre. Pourtant, elle essayait de faire des efforts pour lui, et d'être là le plus possible. Mais Adriàn lui échappait et lorsqu'elle le réalisa, son cœur se mit à battre très fort.
Il devint si peu présent qu'elle n'avait pas l'occasion de lui parler. Et quand il était à la maison, elle n'était pas en disposition pour une discussion. Le soir, elle rentrait avec une telle fatigue qu'elle remettait au lendemain cette idée, se disant trop épuisée pour se disputer. Et puis... c'était aussi une occasion pour se remettre en question.
«  Je ne suis peut être plus assez bien pour lui... » se disait-elle. Elle qui avait toujours eu un très grande confiance en soi. A présent, elle se sentait inutile à ses côtés. Le soir, au moment de se coucher et quand il s'était endormi, elle le regardait en se demandant comment était sa vie quand elle était au boulot. Et surtout, elle se demandait pourquoi fallait-il que les choses tournent ainsi.
Elle lui suggéra alors des sorties : cinéma, théâtre, match de basketball... A des moments il acceptait, d'autre non. C'était comme s'il était devenu un ami pour elle. Un simple ami. Ou même un pote. En fait, elle ne savait pas vraiment. Et quand elle se retrouvait seule, elle se mettait dans un coin pour pleurer.
Et puis vint cette nuit. Comme à chaque fois, elle avait mis son masque de nuit pour lui cacher les yeux afin de mieux dormir – même si elle était si stressée qu'elle n'y parvenait tout de même pas -. Le téléphone d'Adriàn avait vibré et voilà qu'il quittait la maison quelques minutes plus tard, le pas plutôt pressé. Que se passait-il ? Il ne pouvait pas travailler à cette heure ci, impossible !
Elle s'était redressée dans le lit, le souffle coupé. Lui vint l'hypothèse de la pire horreur qui soit : il la trompait, à tous les coups ! Elle ne voyait pas d'autres choses possibles, et ça paraissait évident.
Alors elle s'était levé, et était parti prendre un thé, en essayant de chasser cette idée de la tête. Puis elle s'était assise sur le canapé, le regard fixé sur le l'horloge accroché au dessus du mur. Allait-il revenir ?
Elle finit par se déplacer jusqu'à son lit, en essayant toujours de se convaincre qu'il avait du avoir une urgence toute autre. N'importe quoi, sauf le fait de passer la nuit avec une autre. Et puis il revint. Et le quotidien revint. … à son plus grand déplaisir....