La sonnerie de son téléphone tira Adriàn de son sommeil. Il avait l’habitude de toujours laisser son téléphone allumé la nuit, en cas d’urgence comme il disait. Lançant sa main gauche hors du lit, il tâtonna sur sa table de nuit avant de réussir à se saisir de l’appareil. Trop tard cependant la sonnerie se stoppa alors qu’il allait décrocher. Vérifiant l’heure, il réalisa qu’il était plus de trois heures du matin et que l’appel provenait d’un numéro inconnu. Fronçant les sourcils, il se tourna doucement vers Hellyn avait qui il ne partageait désormais plus qu’un lit. Le bruit ne semblait pas l’avoir réveillé, mais elle pouvait bien sur toujours faire semblant de dormir pour simplement ne pas avoir à lui parler. Enfonçant sa tête dans les oreillers le professeur s’apprêtait à se rendormir lorsqu’à nouveau la sonnerie de son téléphone résonna dans la pièce. Cette fois, un peu plus réveillé, il décrocha rapidement, prêt à faire la fête au petit insolent qui osait perturber sa nuit de sommeil. Lorsqu’il comprit qu’il avait Lyla à l’appareil, ses yeux s’ouvrirent brusquement. Sans jeter un coup d’œil à Hellyn, il sortit du lit pour se glisser dans la pièce adjacente pour ne pas la réveiller. D’une voix à peine audible, il murmura son prénom, réalisant difficilement la situation qui était en train de se produire. La blonde lui expliqua alors avoir besoin de son aide sans pour autant lui donner plus de détails sur son problème. Problème qui devait être sacrément urgent si elle prenant le temps de lui téléphoner à cette heure ci. « Qu’est ce qu’il s’est passé ? Où es tu ? ». Sa voix trahissait ses émotions, sa peur, son inquiétude. « Je suis au minigolf de Darmon Street. C’est très gênant mais je suis coincé, dans le château. ». Son discours paraissait tellement loufoque et incohérent que pendant un instant, il se demanda si elle n’avait pas bu ou fumé. Ou pire encore. Les pratiques étudiantes de cette époque n’étaient certainement plus celles qu’il avait lui-même connu. Sans prendre la peine de réfléchir davantage, il nota l’adresse qu’elle lui indiquait avant de raccrocher. Enfilant une chemise et un jean, il attrapa sa veste avant de quitter son appartement pour partir à la recherche de la belle étudiante.

Arrivé sur les lieux, le professeur se félicita d’avoir pris une lampe torche avec lui. L’endroit lui étant totalement inconnu et n’ayant pas vraiment d’idée sur l’endroit où se trouvait Lyla, il ne put qu’avancer à tâtons en prononçant son prénom, avec le seul espoir qu’elle puisse enfin l’entendre et le guider jusqu’à elle. Ce qui arriva après des minutes qui durèrent une véritable éternité pour Adriàn. Enfin il entendit un petit « ici » qui lui permit de la localiser. Rejoignant en courant l’endroit d’où le son avait été émis, il se trouvait face à un château qui avait taille humaine. Il remarqua alors que la jeune étudiante semblait coincée dans l’une des douves de ce château. « Ne bouge pas, je vais te sortir de là. ». Plaçant ses mains sur les hanches de Lyla, il sentit immédiatement une sensation de fourmillement dans ses mains, comme si le simple fait d’être en contact avec elle, le consumait de l’intérieur. Croisant son regard alors qu’il la faisait redescendre, il ne put maintenir son contact physique avec elle plus longtemps et finit par la lâcher. « Merci beaucoup, je ne savais pas si vous viendriez. ». Ses jolies boucles blondes tombaient délicieusement sur ses épaules et la robe qu’elle portait la mettait subtilement en valeur. Perturbé par cette divine vision, Adriàn resta un instant déboussolé jusqu’à ce que son rationalisme reprenne le dessus et qu’il cherche finalement à comprendre comment ils en étaient arrivés là tout les deux. En commençant par le début, comment avait-elle eu son numéro en sa possession. La questionnant à ce sujet, il apprit bien vite qu’elle faisait partie du conseil d’administration ce qui lui permettait d’avoir affaire à tout un tas d’information dont les numéros de ses enseignants. Le teint rosé que prirent alors ses joues fit comprendre à Adriàn qu’il n’était pas là par hasard mais cela ne le mit même pas encore en colère. Non devant sa soudaine timidité et ses joues rosées, il ne pouvait pas s’énerver. « Vous m’en voulez ? ». Sa voix hésitante trahissait sa tristesse. Nul doute, elle n’avait pas voulut mal faire, mais elle s’était simplement montré terriblement tenace. Une des choses sans doute pour lesquelles Adriàn craquait pour elle, en dehors de sa beauté naturelle. « Non. Mais j’aimerais vraiment savoir comment tu t’es retrouvé coincé ici !». Son sourire détendit l’atmosphère et c’était tout naturellement qu’il l’avait tutoyé. C’est ainsi qu’il apprit que Lyla avait fait les frais d’un bizutage. Chaque année c’était la même chose. A l’exception près que cette fois, Adriàn y participait à sa manière.

Lyla releva par la suite le tutoiement qu’il avait usé envers elle avec un air sarcastique mais plutôt amusée que méchant. Bien que ce ne fût certainement pas recommandé de passer à ce mode d’échange, Adriàn avait cessé de réfléchir aux conséquences de ces actes pour cette nuit depuis qu’il avait décidé de lui venir en aide. Désormais, il le savait, il n’avait plus aucun contrôle sur ce qui pouvait se passer par la suite. Remarquant alors que la belle grelottait, il lui tendit sa veste en gentleman qu’il était. Même si c’était pour avoir terriblement froid à son tour, il préférait que ce soit lui plutôt qu’elle. Lyla choisit alors cet instant précis pour lui demander s’il secourait ainsi toutes ses étudiantes en détresse. « Seulement quand j’ai la chance qu’elle soit aussi jolie que toi ce soir. ». A sa grande surprise, les mots étaient sortis en toute simplicité, de la façon la plus naturelle qui soit. Lui qui n’était pourtant pas doué pour complimenter les femmes en grand timide qu’il était, elle parvenait même à lui faire oublier sa propre nature. C’était indéniable, Lyla exerçait sur lui un certain pouvoir. Mais il se plaisait à croire que même si elle pouvait le déstabiliser via un simple regard, il pouvait aussi faire de même en usant de ses mots pour la désarmer. Lui faire perdre cette si grande confiance derrière laquelle elle se cachait constamment.
Peu désireux de se séparer si tôt, ils s’installèrent ensuite sur un banc non loin de là. Adriàn fit signe à Lyla de conserver sa veste quand bien même il avait froid également. Le gentleman qu’il était ne pouvait refuser cela à une fille, encore mois quand celle-ci avait autant de charme que la belle blonde. Jouant avec le feu, il laissa l’étudiante se rapprocher de lui jusqu’à ce que leur peau rencontre en contact. Le froid qu’avait pu ressentir le beau brun auparavant disparut presque immédiatement. Comme si un feu ardent s’était animé en lui. Paralysé par ce contact perturbateur et inattendu, il ne sut que faire. Quand bien même il aurait voulut agir, ses membres ne répondaient plus à aucune des stimulations que son cerveau lançait. Toutefois après un instant il finit par stopper ce contact, sachant pertinemment que ce n’était pas une bonne idée. « Pourquoi ? » Sa voix trahissait la déception d’une enfant auquel on retirait son nouveau jouet. Elle n’allait certainement pas lâcher l’affaire, pas alors qu’elle était si prêt du but et qu’il était aussi vulnérable. En cet instant, ce n’était même plus ses fiançailles avec une autre qui le retenait mais bel et bien son statut d’enseignant. « Ce n’est pas raisonnable. Et tu le sais aussi bien que moi. ». Même en connaissant des risques, il planta tout de même son regard dans le sien, pensant naïvement que ce contact puisse la convaincre qu’il avait raison et qu’ils devaient stopper cela tout de suite pour éviter une catastrophe. « Mais le fait que tu sois là dit tout le contraire. ». Ce simple murmure fit bouillonner son sang. Il ne voulait qu’elle. Elle pour toute la nuit, pour toute la vie. L’envie de poser ses lèvres sur les siennes, de l’embrasser fougueusement se faisait de plus en plus présente et pressante. Il le savait depuis l’instant où il avait reçu son coup de fil il était perdu. Leur souffle respectif se mêlait l’un à l’autre, effleurant délicatement leur peau, éveillant en eux un désir toujours plus intense. Se laissant prendre dans cette spirale infernale, Adriàn ne pouvait plus reculer, il avait perdu tout contrôle sur lui-même et même ces foutues valeurs morales ne pourrait le sauver cette fois. Depuis que Lyla avait fait irruption dans sa salle de classe, il n’avait attendu qu’un moment : celui-ci.

« Lyla ? ». Une voix féminine inconnue brisa l’instant magnifique et insaisissable se déroulant entre eux deux. La réalité les rattrapa au galop. Pestant Lyla se leva et lui rendit en toute hâte sa veste. Adriàn n’avait plus aucune idée de ce qui se passait, mais il n’eut pas la force de la retenir, reprenant peu à peu consciencieux des enjeux de la situation. Si jamais on les découvrait ici, seuls, chacun d’eux aurait de gros ennuis. Sans avoir le temps de dire un mot de plus, il laissa la belle blonde s’éloigner. Serrant sa veste dans son poing, c’est tel un automate, une machine qu’il regagna sa voiture, puis par la suite son lit. C’est sans s’en rendre compte qu’il se recoucha aux cotés d’Hellyn prêt de deux heures après son départ. Il remarqua à peine la présence de sa fiancée à ses cotés, bien trop obsédé par ce qui aurait pu se passer cette nuit entre Lyla et lui. Pour lui la nuit serait probablement longue mais autant que pour Hellyn qui fixait depuis deux longues heures le mur qui se tenait face à elle, incapable de trouver le sommeil, se demandant probablement si Adriàn ne la trompait pas.