Je peinais à me lever, j’avais le crâne lourd, l’haleine pâteuse. Un petit rayon de soleil avait réussi perçait les stores pour me faire sortir d’un sommeil profond. Je ne me sentais pas bien et je ne me rappelais pas grand chose de la veille. J’étais même incapable de savoir qui j’étais, où j’étais et ce que je faisais là. Je lâchais un terrible gémissement en tâtonnant ma table de chevet à la recherche de quelque chose pour m’indiquer l’heure. Je réussi péniblement à attraper mon téléphone. 15 heures, et toujours au lit. Ma journée était gâchée, mais j’étais loin de me laisser abattre.
« Ma tête! » Je me réveillais enfin. C’était la première fois que je prenais une cuite, et surement la dernière. Josh était là, allongé à côté de moi. Je ne me rappelais même pas l’avoir invité à partager mon lit. Mais il était bel et bien là. « Josh? Réveilles toi! Tu ne peux pas rester ici! » Mes parents allaient débarqué d’une minute à l’autre et je ne les avais pas encore préparé au fait que j’étais en couple… depuis plus d’un an. Nous nous étions rencontrés par le biais de quelques amis en communs. J’étais réellement tombée sous le charme de cet apollon, et très vite on a commencé à se fréquenter. Je faisais pas mal d’entorses à mon éducation de bonne chrétienne. D’abord parce qu’il n’était pas chrétien et qu’il ne croyais pas en Dieu, mais aussi qu’il était anti-républicain et que la politique de mon père le dégoutait. Je ne pouvais pas le présenter à mes parents malgré que j’étais folle amoureuse de lui. Ils n’allaient pas supporter et je ne voulais pas les décevoir. Je déposais quelques baisers sur son dos nu avant de le pousser hors du lit. C’était le premier garçon que je fréquentais. Lui, avait connu un tas de filles avant moi, et pourtant il était prêt à se ranger pour moi.

Je devais tout ranger et nettoyer avant que les parents ne débarquent. Pire. Je devais trouver un remède contre la gueule de bois. Mon hygiène risquait de ne pas leur plaire. Pourtant je n’avais jamais perdu de vue ce que je voulais devenir et ce que je faisais là. Josh avait oublié son téléphone. Alors que j’allais pour le lui remettre, je tombais sur un message que je n’aurais jamais dû voir. Le genre de message qui vous met sur le cul parce que vous n’avez rien vu venir, et que vous vous rendez compte que l’on vous a fait passé pour une conne. Je n’avais rien vu venir, je n’avais jamais pensé que Josh pouvait aller voir ailleurs. Nous étions assez fusionnels tout les deux. Je refusais de croire une seconde qu’il voyait une autre fille. Je restais pensive toute l’après midi et ne suivais aucune conversations avec mes parents. Et lorsqu’ils finirent par partir, je décidais d’aller rendre visite à Josh, pour lui rendre son téléphone mais surtout pour lui demander de rendre des compte. Je voulais le surprendre, le prendre en flagrant délit.

Et je ne fus pas déçue en arrivant devant chez lui. Je toquais plusieurs fois avant qu’il ne finisse par m’ouvrir, en petite tenue. Trop petite à mon goût, je poussais la porte et pénétra furibond chez lui. Malgré qu’il essaya de m’en empêchait, j’avais vu juste! Une femme dans son lit. « Comment as-tu pu oser me faire cela? » Je ne fis pas de scéne, je ne me mis pas à pleurer, rien de cela. Je lui tendis juste son téléphone et retourna chez moi. Je me sentais bête. Bête d’avoir cru que lui pouvait m’aimer. J’ai par la suite refusé tout contact avec lui. Je l’ai évité, puis j’ai eu mon diplôme… Et nos chemins se sont séparés.

***

Quel idée de proposer de m’improviser cuisinière. J’étais nulle en cuisine au point de brûler mes omelettes. Mais je ne voulais pas m’avouer vaincu, Noah devait certainement s’attendre à un peu plus de moi. Tantôt dans la journée, j’avais fait les courses et imprimé une bonne dizaines de recettes que je suivais à la règle. Il fallait que tout soit parfait pour qu’il ne se moque pas de moi. Je n’aimais pas passer pour une cruche et mon comportement lui arrachait toujours un petit sourire. Lorsque j’eus enfin fini de préparer le diner, j’arrivais peu fière de moi avec mon gratin de macaroni trop cuit : « Ok! Je suis loin d’être douée en cuisine, mais je me rattrape dans le dessert! » tentais-je de me rattraper. J’avais honte de moi, tandis que Noah proposa gentiment que l’on commande chinois. J’acquis d’un signe de tête. C’était soit ça, soit on se laisser mourir de faim pour la soirée. En attendant que nos commandes n’arrivent, on décida d’aller nous poser aux salons pour discuter un peu. «  Quel est la chose la plus folle que tu ais faites dans ta vie? » me demanda t-il, pour casser le silence qui commençait à peser dans l’appartement. Je souris. C’était le genre de question tout à fait légitime lorsque l’on me connait trop sérieuse. Je n’avais pas fait beaucoup de bêtises dans ma vie, contrairement à mes frères et soeur, j’avais toujours évité d’énerver mes parents. « Hum, c’était au collège. J’ai triché à un examens… je me suis fait prendre et mes parents ont été très en colère. », je gloussais de ma candide bêtise tandis que Noah me dévisageait : « Attend, c’est ça que t’appelle la chose la plus folle de ta vie? » Je me vexais à sa réaction. Il faut dire que je n’ai jamais réellement défier l’autorité parentale et à chaque fois que je voulais faire quelque chose, je me sentais obliger de leur en parler ensemble. J’étais loin d’être la fille la plus spontanée. D’ailleurs, je ne me lâchais que très peu. J’avais toujours très peur de donner une mauvaise image de moi, je voulais toujours être miss parfaite, ce qui en agaçait plus d’un. Et puis avec le temps, j’ai également commencé à me perdre à tout contrôler. Je cachais tellement bien mes sentiments que moi même je ne savais plus ce que je ressentais réellement. Je savais que l’étiquette de fille coincée ne m’avait pas été donné gratuitement, j’étais toujours celle qui cassait l’ambiance par un rappel à la loi ou autre. Pire, je n’ai presque jamais été invité aux soirées, parce que je refusais systématiquement de me ridiculiser devant des inconnus. Au départ, lorsque Noah et moi avions commencé à nous fréquenter, je ne pensais pas que ça allait réellement durer. Je le voyais craquer en premier, désobéir à ses parents, quel mec sain d’esprit resterait avec moi? « Bon… j’ai mis le feu… INVOLONTAIREMENT… dans le grenier de ma grand mère et j’ai mis la faute sur ma cousine. Le feu a rapidement été éteint, mais j’ai eu très peur! », finis-je par me confesser. Noah sourit, presqu’étonné de mon aveu. J’aimais bien être avec lui. Il était gentil, un peu trop fier parfois, mais je m’attachais réellement à son personnage. Et malgré que nous étions différents dans nos façons de penser et d’être, je trouvais que nos histoires se ressemblaient un peu. Ce qui au final nous rendait plus proche que ce qu’on pourrait penser.