« Les garçons, je veux vraiment pas grimpé là-haut. » Ils se mettent alors à rire. C’était ça de trainer avec deux garçons et d’être la seule fille, elle choisissait pas vraiment leurs activités. Surtout que ses deux là, ils prenaient un malin plaisir à la faire souffrir. Elle n’aimait pas le sport, alors elle allait en faire. Elle n’aimait l’altitude, alors il cherchait forcément un beau lien en hauteur. Et ce week end en camping leur servait l’alibi parfait. Même les adultes les laissaient faire en plus. Lincoln lui attrapa la main.
« On y est presque Cora. Tu vas voir ça vaut le coup. » Nolan lui attrapa l’autre main.
« Allez, la poule mouillée ! Accélères ! » Linc était le plus doux des deux alors que Nolan, c’était le plus casse-cou, le blagueur. Néanmoins, elle ne se plaignait pas et au contraire, elle se mit à accélérer le pas. Ils y arrivent finalement et là Cora ferme instantanément les yeux. Ils sont trop haut, beaucoup trop haut. Elle serre davantage les mains de ses deux amis.
« Allez chochotte, ouvres-les yeux. » murmure Nolan en se moquant.
« On te tient de toute manière. » Elle a un petit sourire en entendant la voix de Linc qui tente de la rassurer. Puis finalement elle ouvres les yeux et elle est alors ébahie.
« Wahou ! » « Tu vois, ça valait le coup d’ouvrir les yeux. Sale chochotte. » Elle tire la langue à Nolan avant de sourire plus largement. Finalement, elle est bien ici.
Cora pose ses fesses à sur une des balançoires, à côté de sa sœur Camélia et de sa copine. Nolan et Lincoln sont aussi là. Avec les autres enfants, ils font un cache-cache. C’est comme ça presque tout les week-ends. Elle et les garçons sont les plus vieux de la rue, du coup, ils s’occupent des autres, des plus jeunes. Dont la sœur de Cora, Cam’.
« Coco, on veut rentrer à la maison. J’en ai marre d’être là. » Cora-Lynn souffle bruyamment. Et elle regarde au loin les autres qui rient tous ensemble. Camélia est toujours comme ça, à se fatiguer vite. Si sa grande sœur n’aime pas le sport, elle, elle ne peut tout simplement pas. Elle s’essouffle trop vite. Et cela à tendance à agacer Cora-Lynn qui du coup ne peux jamais réellement en profiter. Pourtant, elle quitte alors sa balançoire.
« Allons-y, les filles ! » Elle commence à partir lorsqu’une voix les interpelle.
« Cora ! Tu rentres ? » Elle sourit à Lincoln. A croire qu’il garde toujours un œil sur elle.
« Cami veut rentrer. » « Ouais, dis plutôt que tu veux t’enfuir, chochotte ! » Elle tire la langue à Nolan. Il n’en rate jamais une seule lui. Puis elle hausse les épaules, fait un dernier signe de la main à Linc et repart en direction de chez elle.
Elle ne voulait pas rentrer dans cette chambre. Ca faisait trop mal. Alors, elle restait dans le couloir, pendant que ses parents étaient dans la chambre. Les bras entourant ses jambes, la tête sur les genoux, Cora regardait les médecins et les infirmières qui passaient sans arrêt. Finalement, il y avait une raison à la fatigue de Camélia, à ses essoufflements. Elle était malade, les poumons. Et une saleté de cancer. La porte de sa chambre s’ouvre et ses parents en sorte.
« On va voir le docteur. Elle veut te voir Cora… » Ils s’éloignent alors avant de s’engouffrer dans un bureau. Elle se lève finalement et entre à petit pas dans la chambre.
« Coco… » Cora retient alors ses larmes en voyant sa sœur dans cet état. Si faible, des tuyaux dans le nez pour l’aider à respirer.
« Je suis là, Cami. » Elle pose ses fesses sur le lit et lui attrape les mains.
« J’ai peur, Cora… » Elle prend une inspiration et se penche vers elle, posant son front contre le sien.
« Tout va bien se passer. Faut juste que tu t’accroches, d’accord ? » Les parents reviennent alors, avec le médecin. Elle en profite pour retourner dans le couloir. Elle se réinstalle dans le sièges avant de se mettre à pleurer.
Comme elle s’en doutait, Cora trouva Nolan et Lincoln dans la chambre de ses derniers. Ils étaient assis par terre, au pied du lit et jouaient à la console. Elle entra dans la chambre sans même frapper, elle n’en avait pas besoin. Elle alla s’allonger sur le lit, à plat ventre, sa tête arrivant au niveau des garçons, entre les deux. Appuyant ses coudes sur le matelas, elle posa son menton entre ses mains, regardant l’écran.
« Qui gagnes ? » « A ton avis ! Je suis trop fort, il peut pas me battre ! » Aucun des deux ne parlera de Camélia, sauf si elle le fait. Et cela fait du bien à Cora-Lynn, elle sait que si elle ne le veut pas, elle n’aura pas à le faire.
« Moi je le peux ! » Elle attrape un bonbon de la boite que la garçons ont gardés à côté d’eux.
« N’importe quoi ! Vas-y on fait un partie. Tu vas voir que je te bats. » Elle hausse un sourcil.
« Tu devrais pas, No. Après tu vas passer ton temps à te plaindre… » soupire Linc’.
« Genre, cette chochotte peux pas me battre. » Cora se redresse un peu et tend sa main à Lincoln.
« Donnes-moi ta manette. Je vais lui faire bouffer son arrogance. » Quelques minutes plus tard, elle a un énorme sourire victorieux sur le visage.
« Tu triches ! Il y a pas d’autres explications. Je veux ma revanche. » « Tu en as déjà eu deux. » Elle rend sa manette à Linc avant de poser sa tête sur le lit.
« Pff.. J’y crois pas. » Nolan continue à ruminer sa cuisante défaite, tandis que Lincoln se tourne vers elle.
« Fatiguée ? » « On a passé la journée à l’hôpital et donner sa raclée à ce crétin à épuiser mes dernières ressources. » Elle a un léger sourire lorsqu’elle entend de nouveau Nolan se plaindre. Lincoln, lui, se penche vers elle et dépose un baiser sur son front.
« Reposes-toi alors. » Elle fermes doucement les yeux et petit à petit, elle s’endort, bercée par le son des voix de ses deux meilleurs amis qui retournent à leur jeu. (…) C’est plus d’une heure plus tard qu’elle ouvrira de nouveau les yeux.
« Ou est Nolan ? » Lincoln se tourne de nouveau vers elle, mettant son jeu sur pause et posant sa manette.
« Il est rentré. Tu veux que je te raccompagne chez toi ? » Elle secoue doucement la tête et se redresse, avant de s’installer en tailleur.
« Ca te dérange pas si je reste encore un peu ? » « Bien sur que non. » Ils restent un instant silencieux et pendant que Cora émerge de sa sieste improvisée, Linc reprend son jeu. La jeune fille a d’ailleurs un sourire en voyant son jeu. Zelda. Elle qui le force à y jouer.
« Comment va Camélia ? » demande-t-il alors, brisant le silence. Le visage de l’adolescente semble subitement changé, comme si tout les malheurs s’abattaient sur elle.
« Mal. Son état ne fait qu’empirer et … » Elle ne parvient même pas à finir sa phrase et c’est difficilement qu’elle ravale ses larmes. Linc grimpe alors sur le lit à côté d’elle et passe un bras autour de ses épaules. Elle va directement se lover contre lui, profitant du réconfort qu’il lui offre. Puis finalement, refusant de craquer de nouveau, elle attrape la manette. Après tout c’est son jeu préféré. Elle va même jusqu’à résoudre un énigme sur laquelle peinait Lincoln.
« Tu vois, c’était pas compliqué. » se moque-t-elle gentiment.
« Et dire qu’on t’appelle Linc, pourtant tu n’es même pas capable d’incarner le héros à ton nom correctement. » Le jeune homme se met alors à rire.
« Il faudrait qu’on t’appelle toi, Linc. » Elle fait alors une grimace.
« Ah non ! Moi je suis une princesse, appelles-moi Zelda. » Ils rient alors un peu tout les deux avant de reprendre leur sérieux. Spontanément, elle va alors déposer un baiser sur la joue du jeune homme.
« Merci. » Elle n’a pas besoin de préciser pourquoi. Il sait très bien que c’est pour lui avoir changé un peu les idées, pour s’être assurer qu’elle souriait encore un peu. D'être là tout simplement.
« Il y a pas de soucis, Link sera toujours prêt à délivrer sa Zelda. »Cora porta trois petits coups à la porte de la chambre de sa sœur. Elle avait quitté l’hôpital quelques jours auparavant. Pas que son état se soit amélioré, c’était plutôt le contraire. Les médecins ne pouvaient plus rien pour elle. Alors il l’avait renvoyé chez elle. Mais ils savaient tous ce que cela voulait dire. C’était la fin. Elle pénétra alors dans la chambre, plus apeurée que jamais. Elle ne voulait pas dire au revoir à Camélia et n’était pas du tout sure d’en avoir la force. La preuve quand elle rentre, les larmes lui montent directement aux yeux. Voir sa douce Cami comme ça, branché à un respirateur est au dessus de ses forces. Mais Camélia n’est pas seule, Calista, son amie de toujours est là, lui tenant la main. Elle tourne d’ailleurs sa tête vers Cora-Lynn quand elle entre dans la pièce.
« Elle s’est endormie. » Cora va alors s’assoir à côté d’elle. Elles restent toutes deux silencieuses un instant, regardant Camélia.
« Je sais pas comment je vais faire sans elle… » murmure alors Cora, sur le point de craquer. Elle est peut-être la grande sœur, mais Cam’ est essentielle à sa vie. Son petit rayon de soleil.
« Moi aussi. » répond alors Calista, sur le même ton qu’elle. Elle aussi est sur le point de pleurer. Après tout, elle est en train de perdre sa meilleure amie, elle aussi. Cora passa alors un bras autour de ses épaules. Elles passeront le reste de l’après-midi ensemble, dans les bras l’une de l’autre, à regarder Camélia et à pleurer en silence.
Pleurer, c’est tout ce qu’elle arrive à faire. Elle respire à peine et ne peux surtout pas se léver. Elle est parti. Nolan et Lincoln sont là, autour d’elle. No, a une main sur son dos et la passe doucement le long de sa colonne, ne sachant pas vraiment quoi faire pour la consoler. Linc, lui, a posé son front contre sa tempe et tiens les mains de la jeune femme. La bouche contre son oreille et tente de lui murmurer des mots de réconforts. Les mots exacts n’ont pas vraiment leur importance, c’est son ton qui la calme, sa voix. Petit à petit, elle reprend le contrôle de son corps et parvient à respirer de nouveau. Mais pas à arrêter les larmes. Mais quand Calista entre dans la pièce, le visage baignée de larmes, elles se lèvent pour se jeter dans ses bras. Encore une fois elles pleurent ensemble. Les garçons se lèvent à leur tout et entoure de leurs bras les deux jeunes filles.
« Tu peux pas passer ta vie enfermer. » Cora emmitouflée sous sa couverture, fixe le visage de Linc, et le trait soucieux qui barre son front.
« Il a raison, chochotte ! En plus tu pues ! Va prendre une douche. » Elle enfouie sa tête entre ses mains. Nolan et sa son manque de tact légendaire. Aucune douceur ce garçon.
« On dit pas que tu dois sortir en soirée et aller faire, mais juste aller prendre l’air. Marcher un peu. » Elle secoue la tête. Elle ne veut pas. Elle veut qu’on la laisse tranquille, qu’on la laisse à son désespoir et son malheur.
« Tu prends une douche, tu t’habilles et on va faire un tour jusqu’au parc. Calista nous rejoint également. » reprend alors Nolan. C’est là qu’elle relève la tête. Elle n’a jamais entendu No parler comme ça et ça l’intrigue. Elle faisait si peur à voir ? A voir le visage de Nolan, oui. Elle tourne le regard vers Lincoln qui tente de lui faire un sourire rassurant. Ils s’inquiètent tant pour elle tout les deux. Elle ne peux pas leur faire ça à tout les deux. Elle lâche alors un long soupir.
« D’accord… Mais juste une balade, hein ? »Un grand sourire aux lèvres, Cora sort une grand guirlande du carton. Noël, c’était sa fête préféré. Elle avait toujours décoré le sapin et la maison avec sa sœur. Mais pas aujourd’hui. Et si au début cette idée lui avait fait très peur, ce n’était pas le cas aujourd’hui. Grace à Cali, No et Linc. Surtout Linc. Il était là tout le temps. Pour la forcer à sortir, pour la faire sourire, pour la tenir quand elle éclatait en sanglot. Tout le temps. Et là encore, il est là pour l’aider à tout décorer. Lui et tout les autres. Cali et elle apprennent à vivre sans Cam ensemble.
« Cora, tu as un escabeau quelques part ? Pour accrocher le gui ? » « Dans le placard sous l’escalier. » Elle se tourna vers le sapin pour accrocher quelques boules.
« Vous avez vu l’ange pour le haut du sapin ? » « Il est là. » lui répondit Linc. Elle alors jusqu’à lui et attrapa l’angelot dans sa main.
« Hey ! Vous êtes sous le gui ! » Cora leva la tête. Cali venait tout juste de finir de l’accrocher et perdue dans sa décoration, elle ne s’était même pas rendue compte qu’elle était tout juste en dessous. Elle et Linc. Il la regarda en souriant.
« C’est la tradition. » « Pff. » Pourtant elle tourna la tête vers lui, alors qu’il se penchait sur ses lèvres. Et son cœur s’accéléra alors qu’il l’embrassa. Il se redressa rapidement, tout en gardant ses yeux rivés au sien. Cora ne contrôla alors plus rien. Elle passa ses bras autour de son cou et ils s’embrassèrent de nouveau.
« Prenez une chambre ! » Ils se séparèrent alors. Cora rougissante se tourna vers leurs amis. Elle s’attendait à les trouver choquer pourtant, ce n’était pas le cas. Nolan et Calista affichait un énorme sourire.
« Il était temps quand même. » Elle tourna alors de nouveau la tête vers Linc qui la regardait avec un sourire si attendrissant qu’elle ne put que glisser sa main dans la sienne.
« Tu te rends compte Cali. Demain je recevrais mon diplôme. Je serrais officiellement institutrice ! Et mieux, en septembre, j’enseignerais dans l’école maternelle où j’ai été. » Calista s’installa sur le canapé à côté d’elle et elle lui tendit la tasse de thé qu’elle venait de lui verser.
« Tu peux être fière de toi. Et avec Linc ? » Le sourire de Cora ne put que s’agrandir davantage, comme à chaque fois qu’elle parlait de son petit ami. Toujours aussi amoureuse depuis l’adolescence.
« Bien. Très bien. En fait, je pense même à lui proposer de prendre un appartement avec moi. » Elle se mordilla la lèvre en attendant la réaction de son amie.
« Ce serait géniale, Cora ! » Oui, elle en rêvait déjà. Leur petit nid d’amour à eux.
« Je sais juste pas vraiment ce qu’il en pense. » « Je suis sure qu’il en sera ravie. Vous êtes fait l’un pour l’autre ! »C’était un cauchemar et Cora n’y comprenait rien. A peine avait-elle osé sortir le mot appartement, qu’elle ne reconnaissait plus Lincoln.
« Je suis pas prêt pour ça ! » « Tu veux quoi alors ? On a tout les deux de bons jobs, on est heureux ensemble, je pensais que c’était ce que tu voudrais. Qu’on passe à l’étape supérieur. » Elle était désemparée. Et pas loin d’être en colère.
« Et bien c’est pas le cas ! » « Expliques-moi alors ! » Là elle était en colère. Parce que tout ça n’avait ni queue ni tête. Où était passée le Lincoln si prévenant, si tendre avec elle. Celui qui disait vouloir passer sa vie avec elle. Il s’approcha d’elle, et attrapa ses mains.
« Calmes-toi Zelda, s’il te plait. » « Comment tu veux que je me calme quand tu me dis que tu veux pas vivre avec moi ? » Il leva les bras les yeux au ciel.
« Je t’aime et je veux être avec toi. Mais pas comme ça, pas de suite. » « Mais moi c’est-ce que je veux, maintenant ! » C’était une conversation stérile, elle s’en rendait compte. Elle attrapa alors son sac.
« Je rentre chez moi. » Il la stoppa avant qu’elle ne passe la porte, lui attrapant doucement le bras. De l’autre main, il lui caressa le visage.
« Je t’aime, tu le sais. » Les larmes aux yeux, elle murmura.
« Je le sais. Et moi aussi je t’aime. Mais c’est peut-être pas suffisant. »« C’est un crétin, Cora ! Un crétin qui t’aime mais un crétin quand même ! » Cora-Lynn leva son verre à ce que venait de dire son amie. Calista avait toujours les mots qu’il fallait. Et là encore c’était le cas. Tout de suite après que Cora lui ait parlé de sa dispute avec Linc, elle avait directement proposé cette soirée entre filles au karaoké.
« Tu sais quoi, montes sur scène et va chanter. Ca te fera du bien. » Elle ne se fit pas bien longtemps prier et monta sur les planches, micro en main. Et si au début elle parut hésitante bien vite elle se laissa tout simplement porte. Elle aimait chanter et ne s’en privait pas. Et puis, cela faisait du bien d’oublier un peu la douleur sourde au fond du ventre quand elle pensait à Lincoln et à son refus de s’installer avec elle. Et quand la chanson finit, toute la salle l’applaudit. L’homme qui s’occupait du son s’approcha d’elle, l’aidant à descendre de scène.
« Vous avez été sensationnel. » « Merci. » « Vous avez déjà penser à chanter dans un groupe ? »« Dis moi ce tu veux, Lincoln. Parce que moi je ne comprends plus rien… » Il s’installa à côté d’elle sur le canapé. C’était la même discussion qui revenait sans cesse. Elle voulait plus. Elle voulait une vie à deux. Mais Linc, il semblait ne pas vouloir s’engager, même s’il disait l’aimer.
« Je sais pas, Zelda. Je… » Même l’entendre prononcer ce petit surnom qu’elle aimait tant lui faisait mal maintenant. Finalement, peut-être que malgré tout l’amour qu’ils se portaient, ils n’étaient pas fait pour être ensemble.
« On m’a fait une proposition. On m’a proposé de chanter dans un groupe, cet été. Pour une tournée dans des festivals amateur. Ce serait juste l’histoire d’un été. » Il fronça les sourcils.
« Tu veux devenir chanteuse ? » Elle haussa alors les épaules.
« Non, pas vraiment. Mais je me dis que ce serait un bon moyen de mettre de la distance entre nous, pour réfléchir. Tout en vivant une expérience bien différente. » Il hocha de la tête, comme s’il l’acceptait. Pourtant il semblait perdu.
« Si durant ses deux mois, tu comprends ce que tu veux faire, appelles-moi. Je rentrerais à n’importe quel moment si tu me le demandais. »« J’ai encore du mal à croire que tu pars faire la chanteuse tout l’été. » Cora serra davantage Calista dans ses bras. Elles sont devant le bus de tournée du festival. Pendant deux mois elle va cohabiter dedans avec une dizaine de musiciens.
« Moi aussi et ça me fait peur. Mais j’en ai besoin. » Elles se détachèrent l’une de l’autre.
« Il t’appellera, c’est obligé. » Comme toujours, Cali savait ce qu’elle pensait. Ce qui l’inquiétait.
« J’ai peur qu’il ne le fasse pas… » Elle avait l’impression de perdre Lincoln de plus en plus. Et cela l’effrayait de plus en plus. Même Nolan n’était plus capable de trouver les mots qu’il fallait pour la rassurer. Pourtant, il était celui qui connaissait le mieux Linc, il devrait savoir ce qui se passe dans sa tête mais rien à faire. Rien ne rassurait la jeune femme.
« Cora ? C’est l’heure, faut qu’on parte. » Elle tourna la tête vers la voix qui venait de l’interpeller.
« J’arrive James. » James, c’était l’homme qui l’avait complimenté ce fameux soir au karaoké.
« Tu dois m’appeler tout les jours, hein ? » « Promis. » Une dernière embrassade et Cora grimpe dans le bus.
Le sourire aux lèvres, Cora quitte la scène pour gagner sa loge. Elle aime chanter devant un public plus qu’elle ne l’aurait cru possible. Et elle était très à l’aise sur scène, plus qu’elle ne l’aurait cru. Mais il suffisait qu’elle regagne sa loge et qu’elle jette un regard à son téléphone pour que sa bonne humeur ne s’envole. Trois semaines qu’elle était partie, et trois semaines sans nouvelles de Lincoln. Nolan et Calista, elle les avait tout les jours au téléphone. Mais pas Linc.
« Encore une fois tu as été fabuleuse, Cora. » Elle fit un sourire à James qui entra dans sa loge. Elle se débarrassa de ses chaussures à talon avant de s’installer sur une chaise et d’attraper son téléphone. Et de le reposer, déçue, encore une fois.
« De qui tu attends l’appel pour le regarder comme ça désespérément ? » Elle tourna la tête vers lui, un demi-sourire aux lèvres, tandis qu’il s’installait sur une chaise à côté d’elle.
« De mon prince charmant ! Mais je crois de plus en plus que je me suis trompée et que ce n’était pas lui. » Comme c’était douloureux de dire ça. Pourtant, c’était bel et bien ce qu’elle ressentait.
« Il ne sait pas la chance qu’il a. » Elle eut un petit rire eu levant les yeux aux ciel.
« Oui, je crois qu’il le sait. Mais qu’il n’en veut pas. » James se leva alors et déposa un baiser sur sa joue.
« Si il s’en va, tu peux être sure que quelqu’un d’autre trouvera le moyen de prendre sa place. »Derrière la vitre de son bus, Cora fais de grand signe à Nolan et Calista sur le parking. Elle rentre à la maison, l’été est fini. Et quand elle voit que Lincoln aussi est là derrière, elle sait que l’été à beau finir, plus rien ne sera comme avant. Le bus s’arrête et elle court dans les bras de Cali.
« Deux mois s’était beaucoup trop long ! » Elle se séparent, et c’est Nolan qui l’attrape.
« Tu l’as dit ! Tout un été sans ma chochotte préférée c’était insupportable. » Elle éclate de rire. No sera toujours lui-même. Et au final avec le temps, elle avait fini par aimer ce surnom de chochotte. Elle savait que de la bouche de son ami, c’était surtout affectif. Et elle aimait cet affection. Puis elle se tourne vers Linc. Aucun des deux ne sait vraiment quoi dire.
« Salut Zelda. » Il est le premier à ouvrir la bouche et il fait un premier pas vers elle. Pour la serrer dans ses bras ou l’embrasser, elle ne le saura jamais, puisque James descend à son tour, tout en tenant le sac de la jeune en main. Il s’approche d’elle, passe un bras autour de sa taille et dépose un baiser sur sa joue.
« Je met ton sac dans ma voiture. Je te ramène chez toi, ma puce. » Il s’éloigne vers sa voiture. Pendant ses quelques semaines, James avait fini par devenir plus qu’un ami, il avait réussi à la consoler de Lincoln. Et si elle en avait parler avec Cali et No, il semblait qu’aucun des deux n’avait prévenu Lincoln, à voir sa tête outragé. Il commence à partir vers sa voiture. Elle passe ses mains sur son visage avant de courir après lui.
« Linc attends. » « Non Cora, je peux pas. Je… Je sais que j’ai merdé, que je t’ai perdu, mais je m’attendais pas à ça. » Il se tourne finalement vers elle, le visage douloureux.
« J’ai attendu que tu m’appelles, tu sais. » « Je sais, je sais. » Elle ne sait plus quoi dire. Il l’a fait souffrir, c’est sur. Mais elle n’avait jamais voulu lui en faire à son tour.
« Tu es heureuse avec lui ? » « Je suis bien avec lui mais c’est trop tot pour savoir ce qui va se passer. » Il hocha tout simplement la tête.
« On reste amis, pas vrai ? » murmura-t-elle doucement. Il eut un petit sourire, posa ses mains sur ses joues et déposa un baiser sur le haut de sa tête.
« Bien sur. Link sera toujours là pour Zelda. »Elle serra la main de James dans la sienne, son autre main tenant son téléphone contre son oreille. Elle mord sa lèvre en attendant que son amie lui réponde.
« Cali ?! T’est assise ? Je suis fiancée. » Calista se met alors à hurler à l’autre bout du fil. Ils sont encore au restaurant et dans son assiette, il y a encore son framboisier à moitié entamée où était caché sa magnifique bague de fiançailles. James n’avait même pas sourciller quand elle avait dit devoir tout de suite appeler Calista. Un peu plus d’un an qu’ils étaient ensemble maintenant, six mois qu’ils vivaient ensemble. Ils étaient heureux et elle n’aurait pas pu rêver mieux. Sauf peut-être avec Lincoln. Mais maintenant c’était une vieille histoire, ils étaient amis et surtout elle aimait son fiancé. De tout son cœur.
« Il viendra pas, chochotte. » Cora lance un regard triste à Nolan et lâche la robe de mariée qu’elle regardait. Elle avait demandé à ses trois meilleurs amis de l’accompagner pour acheter sa robe. No et Cali était les seuls à avoir répondu présent. Lincoln lui avait répondu qu’il essaierait de se libérer, mais il n’avait pas vraiment eu l’air très motivé.
« Pourquoi il viendrait pas ? On est amis, c’est normal entre amis, non? » Nolan lui lança un regard des plus éloquents.
« Te fais pas passer pour plus idiote que tu ne l’es. Tu sais pertinemment que tu es plus pour lui. Comme il est plus pour toi. » Elle poussa un soupir avant de se tourner de nouveau vers les robes. Elle savait qu’il avait raison. Dans le fond elle l’aimait toujours. Mais les choses se passaient bien maintenant. Ils étaient amis, comme avant. Mais apparemment elle venait de tester les limites de leur amitié.
« Cora regarde celle-ci. Tu serais magnifique. » Elle se tourna vers Cali qui lui présentait une robe absolument superbe. Exactement ce qu’elle voulait. Puis la porte de la boutique tinta.
« T’es finalement venu ! » s’exclama Nolan. Cora se tourna alors vers les garçons. Lincoln était venu. Comme toujours, il savait faire le bon choix.
« Salut. » Elle lui rendit son sourire.
« Merci d’être venu. »« Joyeux anniversaire, ma chérie. » « Joyeux anniversaire, mon amour. » Ils firent tinter leur coup de champagne. Trois ans qu’elle avait épousé James. Trois ans où elle avait l’impression de vivre sur un nuage.
« James, il y aurait quelque chose dont j’aimerais te parler. » reprit-elle en posant sa coupe sur la table basse de leur salon.
« Je t’écoute, ma puce. » Il la fixait en fronçant légèrement les sourcils.
« Tu penserais quoi d’agrandir notre famille ? D’essayer d'avoir un enfant ? » Il la regarda bouche bée.
« Tu plaisantes ? Se serait merveilleux ! » Elle eut un sourire éclatant et grimpa sur ses genoux avant de nouer ses bras autour de son cou. Son bonheur ne pouvait pas être plus complet. C’était ce qu’elle avait toujours voulu. Une mari, et bientôt une famille.
Cora regarda son téléphone en fronçant les sourcils. Elle ne connaissait pas le numéro qui s’affichait et qui venait de s’afficher pour la deuxième fois. Elle se tourne alors vers ses élèves.
« Les enfants, je dois sortir quelques minutes. Je veux que vous restiez calme et que vous finissiez de dessiner votre animal préféré. On est d’accord ? » Elle sortit alors de la classe, et laissant la porte ouverte, elle s’adossa au mur et décrocha.
« Allo ? » « Madame Keenan ? Ici l’hôpital. » Elle fronça les sourcils.
« Oui c’est bien moi. » « Nous avons accueillie votre mari aux urgences il y a une heure. Il a été renversé par une voiture alors qu’il traversait la rue. » Elle retint son souffle, se mit à prier silencieusement.
« Il est dans un état critique, madame. Vous devriez venir le plus vite possible, madame. » Elle en lâcha son téléphone. Non ! Pas lui !
Elle sentit une main sur son visage, puis une voix douce.
« Zelda ? » Elle ouvrit les yeux. Lincoln était là, accroupit au bord de son lit. Il avait cette même mine soucieuse qu’il avait eu quand Camélia était partit et qu’elle refusait de sortir de chez elle.
« C’est quand la dernière fois que tu as mangé ? » Elle haussa les épaules. Elle ne s’en souvenait plus. Elle ne se souvenait pas de grand-chose de ses dernières semaines.
« Allez, viens, je vais te faire quelque chose à manger. » « J’ai pas faim. » Sa voix lui parut rauque, fatiguée. Depuis combien de temps n’avait-elle pas prononcé un mot. Depuis trop longtemps sans doute.
« Tu viens quand même avec moi à la cuisine. » Il tira la couverture dans laquelle elle s’était emmitouflée. Elle lâcha un soupir et se leva. Lincoln lui attrapa la main pour la guider vers la cuisine. Une fois là-bas, il la força à s’assoir et se mit alors aux fourneaux. Il mit l’eau à chauffer pour faire cuire des pates. Puis vint à côté d’elle.
« Ca fait deux semaines, Zelda. Il faut tu reprennes ta vie en main. Que tu retournes à l’école. Que tu sortes de cette maison. » « Comment tu veux que je fasse, ça, hein ? » Il entoura son visage de ses mains.
« Je sais pas, mais il faut que tu le fasses. » Elle sentit alors les larmes monter à ses yeux.
« Tu sais pourquoi il traversait cette rue quand il s’est fait renversé ? Pour m’acheter des fleurs. De l’autre côté, il y avait mon fleuriste préféré. Il leur avait demandé une commande spéciale et allait la récupérer. » « Oh Zelda ! » Elle craqua alors et éclata en sanglot. Encore une fois. Elle passait son temps à pleurer. Elle pensait qu’au bout d’un moment, elle n’aurait plus de larmes, mais il fallait croire que non. Linc la serra alors dans ses bras. Elle se mit alors à pleurer contre sa poitrine, agrippant son T-Shirt comme si c’était une bouée de sauvetage.