ADRIAN & NILLA

Sorry Brother, I'm not like you.

Je mettais enfin décidé à donner rendez-vous à Adrian pour lui apprendre la nouvelle. L’envie de l’appeler pour annuler m’était au moins passé dans la tête une trentaine de fois en deux minutes, mais il fallait bien qu’à un moment ou un autre il soit au courant. Seulement comment lui annoncer ? « Hé Adrian tu vas être tonton d’un mec avec qui j’ai couché ! Ah oui parce que ne t’es pas au courant, je suis plus vierge depuis mes quinze ans ! » Non mais Nilla sérieusement… Et en plus je savais ce qu’il allait me dire, un truc comme « c’est vrai ? » Tu veux que je te vomisse dessus aussi pour que tu me croies ? Non vraiment, je n’avais aucune idée de la manière que cela allait sortir. Ce sera sûrement avec mon charme et ma grâce naturelle. Je lui avais donné rendez-vous dans un petit bar au coin de la rue que personne ne connaissait, mais qui me faisait office de travail à coté de mes études. Adrian avait toujours râlé parce qu’il disait que j’allais me concentrer plus sur mon boulot que sur mes études. Et maintenant, je vais me concentrer sur quoi ? Un embryon qui s’amuse à grandir dans mon ventre ? Mais dans quelle galère je mettais mise ? En même temps, cela faisait plus de sept ans que je jouais à l’allumeuse, fallait bien que ça m’arrive un jour. Mais pas maintenant, ça aurait pu attendre un peu plus tard. Et puis avec un mec plus jeune, parce que Tobias devait au moins avoir vingt-cinq ans… Et s’il avait l’âge de mon frère ? Ou plus vieux ? Et s’il était marié ? Et avait déjà des enfants ? J’arrivais comme ça en toquant à sa porte « salut t’es papa, je te le mets où le colis ? » C’était un peu trop direct non ? Rien n’allait j’étais totalement perdue.

Je reviens à la réalité que lorsqu’Adrian poussa la porte du bar et me fit un signe pour prévenir de son arrivée. J’allais me faire tuer. Autant me pendre tout de suite en fait. Mais non Nilla ! Tu devais être forte, j’allais avoir un bébé dans moins de neuf mois merde ! Je posais ma pause, enlevait ce stupide tablier, puis rejoignait mon frère avec une tasse de café bien corsée. Après tout, il allait en avoir besoin. J’avais prit un chocolat chaud, histoire de faire passer mes nausées juste le temps de pouvoir au moins le prévenir. J’examinais mon frère, et remarquais son air fatigué, il faisait dix ans de plus comme ça ! J’haussais un sourcil, surprise de le voir dans cet état.  « Ca va pas ou quoi ? Tu fais une de ses têtes, j’ai l’impression que tu reviens d’un enterrement.  » Je savais qu’en ce moment il avait beaucoup de travail et à l’université il y avait pleins de rumeurs sur lui et je sais plus qui. Je n’écoutais pas ses rumeurs parce que de toute façon ce n’était pas vrai. Je connaissais mon frère, il me l’aurait dit.

Soudain, je sentis une brûlure au fond de mon estomac.  « Attends tu m’attends là deux sec…  » Pas le temps de finir ma phase, il fallait que je file aux toilettes vomir mon petit-déjeuner... C’était vraiment chiant d’être enceinte, on disait que ça rendait une femme plus belle, et je ne voyais pas ce qui était beau dans le vomi ! Je m’essuyais la bouche et ressortit m’assoir en face de mon frère trouvant une excuse débile. « Excuse, j’ai pas digéré depuis ce matin, fallait bien que ça sorte. » Quelle excuse débile, mais bon si ça marchait j’étais sauvée pour disons… cinq minutes ?

ADRIAN & NILLA

Sorry Brother, I'm not like you.

Une longue sonnerie résonna dans l’amphithéâtre où Adriàn donnait actuellement son cours. Cela lui arrivait rarement mais distrait depuis quelque temps, il semblerait qu’il ait totalement oublié de couper sa sonnerie. Répondant aux sourires qui se dessinaient sur les visages des élèves, il se contenta de couper définitivement son téléphone avant de reprendre son cours de littérature comme si de rien n’était. Ce n’est qu’une heure et demie plus tard, qu’il quitta enfin l’université. Devenu un véritable refuge pour lui, son lieu de travail le pesait cependant, il y avait trop de Lyla ici. Il ne pouvait pas être ici sans penser à elle, et il savait pertinemment que penser à elle était dangereux. Il avait déjà suffisamment de problème ainsi, mais il avait fallut que son cœur lui joue à nouveau des tours. Il l’avait compris récemment, il n’y avait plus rien entre lui et sa fiancée Hellyn. Non dans son cœur et son esprit, il n’y avait plus que Lyla encore et encore. Rallumant son téléphone, il consulta ses messages pour constater que c’était sa très chère petite sœur qui avait essayé de le joindre en plein cours. Tête en l’air comme elle l’était, elle n’avait surement pas noté qu’il était sur son lieu de travail à cette heure ci. Soupirant, il consulta ses messages, pour voir que Nilla lui donnait rendez dans le bar où elle travaillait dans pas moins de cinq minutes. Levant les yeux au ciel, Adriàn se mit directement en direction du café concerné. Heureusement pour lui, cet endroit était proche du campus, et il ne mettrait pas plus de dix minutes à le rejoindre.

Sur le chemin, il ne put s’empêcher de penser à tout ce qui les opposait lui et sa sœur. Tous les deux étaient extrêmement différents et pourtant Adriàn aurait fait n’importe quoi pour sa sœur. Il aurait tout donné pour elle, elle était la prunelle de ses yeux, son bien le plus précieux. Malgré leur différence d’âge chacun pouvait compter sur l’autre… Oui, et pourtant, Adriàn n’avait pas réussi à lui parler de Lyla, de ses sentiments pour elle. Il craignait étrangement d’être juger par la blondinette qui pourrait voir alors en lui, non plus un grand frère exemplaire, mais un pervers qui couchait avec ses étudiantes. Soupirant, Adriàn aperçut l’enseigne du bar où travaillait sa sœur. Faisant teinter joyeusement la cloche de l’entrée, il chercha un instant du regard la bouille de sa sœur, avant que celle-ci ne lui fonce dessus. « Ca va pas ou quoi ? Tu fais une de ses têtes, j’ai l’impression que tu reviens d’un enterrement.» . Décidemment plus le temps passait, moins il était capable de cacher ses soucis à Nilla. Passant sa main sur son visage aux traits fatigués et tirés, il chercha rapidement quelque chose à lui répondre lorsque le visage de sa jeune sœur pâlit soudainement. « Attends tu m’attends là deux sec… » . Sans qu’il ne puisse dire quoique ce soit, la chevelure blonde de Nilla virevolta dans le sens inverse, prenant la direction des toilettes probablement. Lâchant un long soupir et sans comprendre ce qui se passait, le professeur décida de s’installer à une table pour patienter. Bien vite la petite blondinette revient vers lui, toujours aussi pâle. « Excuse, j’ai pas digéré depuis ce matin, fallait bien que ça sorte. ». Fronçant les sourcils et arborant une mine inquiète, les attitudes de grand frère surprotecteur d’Adriàn revinrent bien vite lui faire une petite visite. Invitant sa sœur à s’asseoir en face de lui, il passa sa main sur son front pour vérifier sa température, comme un père l’aurait fait. « Nilla pourquoi t’es ici à bosser si t’es malade ? Tu devrais être chez toi à te reposer. ». Constatant qu’elle n’avait pas de température pour le moment, Adriàn passa sa main dans ses cheveux bruns, désespéré de voir à quel point sa sœur pouvait être une acharnée lorsqu’elle s’y mettait. « Depuis combien de temps tu es malade ? T’es allée chez le médecin ? »poursuivit-il tel un enquêteur. Il le savait, elle allait bien vite le remettre à sa place, mais il s’en foutait, elle était sa sœur, il ferait tout pour qu’elle aille aussi bien que possible. « Va récupérer tes affaires Nilla, je te raccompagne chez, tu vas contaminer tous les monde ici. ». Ce n’était pas une question, ce n’était pas non plus une demande. C’était un ordre et comme toujours dans ce genre de situation, il y avait fort à parier que Nilla refuse de le respecter.

ADRIAN & NILLA

Sorry Brother, I'm not like you.

J’allais vraiment tout avoué à mon frère. J’étais super motivée au début, je trouvais ça une bonne idée qu’il sache qu’il était content. Je n’étais pas certaine que cette idée lui plaise mais bon. Il n’avait pas réellement le choix. Ce petit être était entrain de grandir en moi et me ferait bientôt ressembler à une baleine. Alors, il n’allait pas m’embêter ! Il devait accepter un point c’est tout… Oh mais dans ma tête tout semblait si simple !  Tout était bien structuré pour une fois. J’avais imaginé la scène plusieurs fois mais finalement ça ne marchait pas. J’étais certaine que ça allait dérailler. Très vite. Trop vite.

« Nilla pourquoi t’es ici à bosser si t’es malade ? Tu devrais être chez toi à te reposer. » Il ne se posait même pas la question que si j’avais pu poser un jour je l’aurais fait ? Je ne lui ressemblais pas du tout sur ce point, je ressemblais plus à une loque, pendant que lui ressemblait à une voiture de course. Toujours à fond, toujours prêt. Moi, toujours lente, toujours imprévisible. La preuve une nouvelle fois. Il prit ma température et je me laissais faire. Il se rendrait compte bien vite que j’allais bien. Que mon corps n’était pas en mode attaque. « Depuis combien de temps tu es malade ? T’es allée chez le médecin ? » Les questions habituels du grand frère en panique. Tu as mal où, tu veux un doliprane ? T’as vomi ? Quoi tu as 37,5 de température ? Mais faut que je t’emmène aux urgences ! Bon dieu, qu’il pouvait être chiant quand il s’inquiétait pour moi ! « Va récupérer tes affaires Nilla, je te raccompagne chez, tu vas contaminer tous les monde ici. ». » Il commençait déjà à se lever. Oh non de Dieu non mais il allait rester assis bien sagement le temps que je déballe mon histoire de femme enceinte ! Je lui attrapais la main, l’immobilisant et l’obligeant à poser ses fesses sur le siège. « Il n’en est pas question ! Je suis pas malade…. J’avoue tout. » Je fis mes jolies yeux de petit biscuit trop mignon histoire de le mettre de bonne humeur. Mais vu son visage et ses traits fermés, je compris que tant que je n’avais pas parlé, il n’allait pas changer d’avis. Alors j’osais. « To… Merde, non, Adrian. C’est compliqué à dire, mais faut pas que tu t’énerves. Tu ne casses rien, tu ne cries pas, tu restes calme.   » Mon frère n’était pas du genre à s’énerver pour un rien. D’un tempérament calme, il préférait la discussion à la violence. Mais quand il allait apprendre que sa sœur chérie était enceinte d’un homme bien plus vieux qu’elle, n’aurait-il pas des envies de meurtres ? Je savais déjà la réponse.

Je prenais une grande inspiration, cherchant comme changer de discussion. Peut-être fallait-il commencer par le début ? Le commencement ? Sans entrer dans les détails les plus torrides de ma  nuit bien entendue. « Voilà, j’ai rencontré un homme, il a… peu importe son âge, ça fait déjà deux ans qu’on sort ensemble…  » Ahah. Nilla, Nilla, Nilla. Parfois, j’avais vraiment envie de me tuer. A force de faire du théâtre, c’était devenue une véritable manie de toujours détourner à ma façon. Non maintenant, j’allais avouer ! « Oh et puis merde hein ! J’ai rencontré un mec dans un bar il y a deux ou trois mois, on a couché ensemble et depuis j’ai son bébé dans le ventre ! Je ne connais rien de lui et oui, je ne suis plus vierge !  » Mais quel soulagement ! Je ne savais pas que d’avouer ses péchés faisaient autant de bien. Enfin pendant une microseconde. Parce que maintenant j’allais sûrement avoir le droit à un meurtre en direct. Dans le rôle principal de la victime, je demande Nilla Hemingway.

ADRIAN & NILLA

Sorry Brother, I'm not like you.

Le café où travaillait Nilla était peu fréquenté en cette heure avancée de la journée. Lâchement abandonné par sa sœur qui ne semblait pas très en forme depuis quelques jours, il patienta à une table du bar en attendant qu’il revienne. Il ne savait pas pourquoi la blondinette lui avait demandé de venir mais elle devait s’en doute vouloir papoter avec lui comme c’était souvent le cas. Bien qu’ayant une certaine différence d’âge, cela ne les avait jamais empêché d’être proche. Oh bien sur, il y a eu des hauts et des bas. Surtout durant leur enfance. Terriblement différents, pour ne pas dire à l’opposé l’un de l’autre, il avait souvent eu du mal à s’entendre. Cependant pour une raison obscure, ces deux là partageaient une complicité particulière qui ne les avait jamais quittés. Pas même quand Adriàn avait déménagé pour Providence. La preuve quelques années plus tard, la jeune Nilla l’avait rejoint en amérique. Et à présent, ils se retrouvaient régulièrement pour discuter, rire et passer de bon moment ensemble. Toutefois, pour aujourd’hui, Adriàn sentait bien que ce ne serait pas comme d’habitude. Quelque chose sur le visage de sa sœur, dans sa façon d’être lui laissait penser que tout allait être différent à partir d’aujourd’hui.

Lui servant l’habituel discours du grand frère inquiet, il s’apprêtait à la reconduire chez elle, pour qu’elle puisse se reposer mais elle s’opposa à cette proposition. Adriàn s’était bien attendu à ce genre de réaction, c’était tout à fait sa sœur. Toujours à dire non, à se rebeller, à jouer les dures, à tenter d’être différente. « Il n’en est pas question ! Je suis pas malade…. J’avoue tout. » . Fronçant les sourcils, Adriàn resta sans bouger sur sa chaise. Il ne comprenait pas ce qui se passait, mais cela ne présageait rien de bon… Il le sentait mal, vraiment mal. Qu’est ce qu’elle avait bien pu faire cette fois ? « To… Merde, non, Adrian. C’est compliqué à dire, mais faut pas que tu t’énerves. Tu ne casses rien, tu ne cries pas, tu restes calme.  » . Plus la belle blonde avançait dans son discours, pire ça allait. S’enfonçant dans son siège Adriàn gardait le visage fermé, s’attendant au pire. Qui savait jusqu’où elle était allée cette fois. De la drogue, un vol, un meurtre ? Même si Adriàn était un homme calme et détendu en général, lorsque cela touchait sa famille il pouvait totalement lâcher prise. « Voilà, j’ai rencontré un homme, il a… peu importe son âge, ça fait déjà deux ans qu’on sort ensemble… » . Ouvrant des yeux ronds, il n’en revenait pas. Deux ans qu’elle fréquentait un homme et elle ne lui avait rien dit ?! Non c’était impossible. Quelque chose clochait. Elle était incapable de lui cacher quelque chose sur une aussi longue période. Non, à présent, il en était sûr, elle lui mentait. La laissant continuer sans l’interrompre, il attendait de voir jusqu’où elle irait avant de craquer. « Oh et puis merde hein ! J’ai rencontré un mec dans un bar il y a deux ou trois mois, on a couché ensemble et depuis j’ai son bébé dans le ventre ! Je ne connais rien de lui et oui, je ne suis plus vierge !» . Sous le choc Adriàn ouvrit la bouche, sans pour autant qu’aucun son ne puisse sortir de celle-ci. Elle était quoi ? Nan elle continuait son mensonge. Elle devait le poursuivre, il ne pouvait en être autrement. Nilla ne pouvait pas être enceinte, encore moins d’un inconnu.

Toujours silencieux, Adriàn remarqua que sa sœur s’était soudain arrêtée de parler… ce qui ne pouvait signifier qu’une seule chose. Elle disait la vérité cette fois ci. Ne pouvant réagir à cette nouvelle pour le moins inattendue, il se contenta de passer sa main dans ses cheveux comme il le faisait souvent. A quoi bon lui faire la morale à présent ? Il était déjà trop tard et ce n’était pas son rôle. C’était à ses parents d’assumer ce rôle, bon sens il n’avait jamais cru qu’il se retrouverait face à cette situation… Passant ses mains sur son visage, il planta son regard dans celui de sa sœur. Elle avait grandit tellement vite, devant sans qu’il ne s’en aperçoive une véritable femme. Et c’est en tant que telle qu’il comptait la traiter. Nilla avait fait une erreur certes, mais elle était adulte à présent. A elle d’assumer. « Qu’est ce que tu comptes faire ? Tu veux le garder n’est ce pas ? ». Il la connaissait par cœur, ce n’était pas le genre à se faire avorter. Même si ce serait difficile, elle élèverait cet enfant. « Tu sais que quoique tu décides, je serais derrière toi, si tu as besoin d’aide, tu sais où me trouver. ». Elle ne s’était sans doute pas attendue à cette réaction de sa part, et bien qu’il ait fortement envie de péter la gueule de l’idiot qui avait mis sa sœur enceinte, il devait avant tout être là pour elle. « Tu as prévenu le père ? Est-ce qu’il va être là pour toi lui aussi ? ». L’idiot aurait ainsi peut être une chance de se rattraper à ses yeux, si il choisissait la bonne solution. Et encore, ce n’était pas gagner….